Comprendre les origines de la schizophrénie
La schizophrénie est une maladie complexe, multiforme, ayant des manifestations et des causes variées, et s’inscrivant dans des parcours de vie très différents d’une personne à l’autre.
- Une alchimie entre gènes et environnement
La schizophrénie survient à la croisée de prédispositions biologiques et d’expériences de vie. Si certains gènes peuvent augmenter le risque de survenue de la maladie en créant un terrain fragile, des facteurs environnementaux, comme des événements marquants et remplis d’émotions, qu’ils soient positifs – par exemple, un mariage ou une naissance – ou négatifs – par exemple, un stress répété, un traumatisme, la consommation de substances (comme le cannabis) – peuvent mettre en évidence la fragilité et déclencher les symptômes. Heureusement, il existe des facteurs protecteurs : entre autres, la résilience – soit la capacité d’adaptation psychique et biologique de chacun à son environnement –, l’intelligence émotionnelle et un entourage attentif.
- Une maladie aux multiples facettes
La schizophrénie ne se manifeste pas de la même manière chez tout le monde. Souvent, la frontière est ténue avec certaines formes de bipolarité, de dépression ou d’autisme. De ce fait, les symptômes peuvent se ressembler. Pourtant, les mécanismes à l’origine des troubles sont tantôt génétiques, tantôt immunitaires ou encore biologiques. En principe, le corps dispose de ressources pour «s’autoréparer», mais, parfois, ces processus sont inefficaces, laissant les troubles s’installer dans la durée.
- Une maladie influencée par la vie
Les antécédents familiaux peuvent certes créer la prédisposition à la maladie, mais l’environnement et les événements qui surviennent dans l’existence jouent un rôle tout aussi essentiel. Ainsi, il arrive que certaines personnes restent asymptomatiques, tandis que d’autres développent des formes plus ou moins sévères de la schizophrénie.
- De nouveaux moyens pour diagnostiquer plus tôt et protéger
Les médecins disposent aujourd’hui de nouvelles technologies pour identifier les causes de la schizophrénie, notamment grâce à la génétique, à des analyses biologiques, à l’imagerie, etc. Pour protéger, les méthodes les plus efficaces sont:
la prise en charge précoce,
les traitements immunitaires (dans les cas où le système immunitaire est impliqué),
la psychoéducation des patients et des aidants,
la réduction des facteurs de risque.
- Vers une psychiatrie de précision
Aujourd’hui, la stratégie est d’identifier précisément l’origine des différentes formes de schizophrénies, dans le but d’arriver à déterminer l’accompagnement optimal pour chaque personne. C’est ce qu’on appelle la «psychiatrie de précision». C’est déjà le cas concernant certaines schizophrénies d’origine génétique, ou métabolique, qui bénéficient de traitements spécifiques (par exemple, la maladie de Wilson ou le neurolupus). Quant aux variants génétiques, comme la délétion 22q11 ou certaines formes de trisomie 21, un accompagnement précoce permet de réduire les symptômes apparentés à la schizophrénie.
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Les symptômes
Si les premiers symptômes de la schizophrénie rappellent fortement ceux d’un état dépressif et de l’adolescence (ce qui n’aide pas à déceler rapidement la maladie), ils évoluent et se caractérisent par des symptômes qui lui sont propres.
💡 Positifs (ou productifs) : ils rassemblent les délires et les hallucinations et peuvent se traduire en un sentiment de persécution (paranoïa), des idées délirantes invraisemblables et bizzares, ou encore des hallucinations le plus souvent auditives (le sujet entend des voix) mais aussi sensorielles, olfactives, tactiles, gustatives ou visuelles.
💡 Négatifs (ou déficitaires) : ils correspondent à un appauvrissement affectif et émotionnel. Le patient se met en retrait et s’isole progressivement de son cercle familial, amical et social. Il communique moins, présente une volonté limitée et manifeste une émotivité réduite. Il présente moins d’intérêt et de volonté et davantage d’apathie, ce qui peut ressembler à une dépression.
💡 Cognitifs : correspondent à une désorganisation de la pensée, des paroles, des émotions et des comportements corporels. La cohérence et la logique du discours et des pensées sont perturbées. Le patient est moins attentif, présente des difficultés à se concentrer, mémoriser, comprendre ou se faire comprendre. Il peut avoir des difficultés à planifier des tâches simples comme faire son travail ou des courses, ce qui peut être source d’un handicap majeur dans la vie quotidienne. En pratique la schizophrénie diffère d’un patient à un autre, selon la nature et la sévérité des différents symptômes qu’il présente. Il est d’ailleurs plus juste de parler de schizophrénies au pluriel car une seule appellation couvre des maladies différentes.
Plusieurs de ces symptômes ne sont présents que par périodes, dans les phases de crise notamment. Surtout, chaque malade présente ces symptômes de manière un peu différente